Retour sur l’Ecotraversée du Queyras de l’Automne 2022

Après Belledonne, les Ecrins et l’Ubaye, les Ecotraversées sont arrivées dans le Queyras en 2022 !

Ce projet organisé par la Section Montagne Alpes Là du club alpin a réuni 12 jeunes de 18-30 ans pour une itinérance accompagnée dans le Parc naturel du Queyras depuis Eglier au pied du Mont Viso à la frontière avec l’Italie. En chemin, les participants ont rencontré différents intervenants et  acteurs locaux pour échanger sur le large éventail d’enjeux auxquels sont confrontés le territoire du Queyras et ses habitants. Il a été organisé avec le soutien de la Région Sud-PACA dans le cadre des projets « Nature ta vie et agis ! », du Parc naturel du Queyras, de la Réserve de Ristolas-Mont Viso et du Labex ITTEM (Innovation et Transitions Territoriales en Montagne) et la contribution de nombreux acteurs du territoire.

Un film retraçant cette belle aventure sortira l’automne 2024.

Voici le récit jour par jour en texte et en photos de cette Ecotraversée :

Jour 1 : Gare de Mont Dauphin (Eygliers) – Guillestre (la Ferme du Villard), 12 km, 4h de rando

Après notre arrivée en train à Eygliers., nous retrouvons Christophe Gerrer, chargé de mission Education à l’Environnement au Parc Naturel Régional (PNR) du Queyras. Nous rejoignons  les hauteurs du village fortifié de Mont-Dauphin, où Christophe nous présente le parc et le territoire du Queyras.

Créé en 1977, parmi les premiers PNR, le parc permet de promouvoir, développer et protéger le territoire du Queyras. Ses actions se basent sur une charte écrite en concertation avec les communes du parc et leurs habitants. Une nouvelle charte est justement en cours d’élaboration afin de définir le projet du territoire de 2025 à 2040. 

La journée se poursuit en direction de Guillestre afin de rejoindre la Ferme du Villard, par un parcours surplombant la rivière du Guil. C’est l’occasion d’emprunter la singulière Rue des Masques, se faufilant au milieu des rochers.

A l’arrivée, nous sommes accueillis par les habitants de la ferme, l’occasion de déguster une bière de leur fabrication et d’en savoir plus sur les projets qu’ils mènent : maraîchage, pépinière, production de semences locales et donc micro-brasserie, dans une démarche d’autonomie maximale.

Jour 2  : Guillestre (la Ferme du Villard) – Ceillac (Refuge de la Cime), 17.5 km, 6h de rando

Aujourd’hui, nous réalisons l’étape avec Jean-Baptiste Portier, chargé de mission Natura 2000 sur le territoire du Guil. C’est l’occasion de bien comprendre l’intérêt des zones Natura 2000 dans la préservation de l’environnement, et les spécificités de ce dispositif européen qui travaille suivant les zones à préserver les habitats et la faune (oiseaux en particulier), en lien avec les activités humaines (agriculture, tourisme,…). Après une belle randonnée en forêt où nous en apprenons plus sur les nombreuses espèces de résineux, nous rejoignons Ceillac en passant par ses nouvelles pistes de ski de fond en construction dont l’impact environnemental ne manque pas de faire débat.

Nous arrivons vite au Refuge de la Cime, l’occasion de débattre des enjeux de transition du tourisme en montagne, lors d’une soirée animée par Marie Constensous, directrice de l’Office du Tourisme Guillestrois-Queyras et Mikaël Chambru, chercheur du labex Innovation et Transitions Territoriales en Montagne (ITTEM) qui partagent leurs expériences en la matière : le territoire du Queyras est en effet confronté à divers problématiques et controverses, en raison notamment du réchauffement climatique. Le tourisme demeure le sujet de préoccupation principale pour les habitants qui souhaitent vivre dans le Queyras à l’année et compte pour beaucoup sur ce secteur pour avoir du travail sur le territoire.

Jour 3 : Ceillac (Refuge de la Cime) – Molines en Queyras (Val D’Azur), 16 km, 5h de rando

Cette étape démarre sous une forte pluie, mais heureusement, elle nous quitte assez vite, car nous avons eu la bonne idée de retarder un peu notre départ… Toute cette eau qui est tombée permet néanmoins d’aborder le sujet des risques hydrauliques en montagne avec Michel Esteves, chercheur hydrologue spécialisé sur les torrents de montagne : c’est l’occasion aussi d’un peu d’histoire pour découvrir la fameuse Catastrophe du Queyras, une crue exceptionnelle qui a eu lieu en 1957 qui a entraîné l’évacuation du village de Ceillac et occasionné de nombreux dégâts.

Nous rejoignons le Col Fromage pour un pique-nique ensoleillé… où les tommes du pays sont bien sûr de la partie. Après une belle descente en forêt, nous rejoignons le village de Molines.

En soirée, un quizz préparé par l’équipe d’encadrants accompagnateurs en montagne permet de se tester sur nos connaissances de la montagne et d’en apprendre plus sur le territoire du Queyras.

Jour 4 :  Molines en Queyras (Val D’Azur) – Fontgillarde (La Tangente), 17 km, 6h de rando

Nous rejoignons le village de Saint Véran, commune considérée comme la plus haute d’Europe, l’occasion de découvrir ce village atypique dont les maisons ont été rénovées en conservant l’architecture et les matériaux d’autrefois.

Le chercheur Mikaël Chambru nous raconte l’histoire et les enjeux autour d’un projet controversé de développement d’un observatoire astronomique avec un téléphérique qui devait voir le jour, associé à un restaurant et hôtel de luxe, projet qui a fortement questionné sur l’avenir du village et divisé ses habitants.

Jour 5 :  Fontgillarde (La Tangente) – La Monta, Ristolas, 20 km, 7h de rando

Cette étape démarre sous le soleil : après une remontée dans le vallon Agnel le long du canal du Rouchas, agrémenté d’un sentier artistique sur l’eau,

Mais très vite la tempête s’invite, venue par l’Italie : à la pause pique-nique, nous nous abritons au niveau du refuge Agnel. Alors que la neige a fait son arrivée, nous devons malgré tout poursuivre par la montée au Col Vieux, qui se fait sur un chemin glissant, en respectant les limites autorisés, balisées afin de préserver une zone déjà très érodée du fait de la très forte fréquentation touristique : le Parc naturel du Queyras a mis en place des zones de mise à défense pour les protéger. Franchi le col, nous parvenons dans la vallée des lacs résultant des anciennes glaciations, alors que des glaciers rocheux subsistent encore dans le secteur. Cette longue descente permet d’admirer un somptueux tableau d‘automne où le blanc de la neige et des nuages se melent aux couleurs remarquables des mélèzes orangés.

Nous arrivons au Refuge de la Monta bien trempés mais satisfaits d’avoir franchi cette étape quelque peu engagée au vu des intempéries. 

Le clou du spectacle de la journée a lieu en soirée avec une représentation de Face Nord par la compagnie La Féroce au refuge de La Monta.

Jour 6 : La Monta, Ristolas – Refuge du Viso, 14.5 km, 5h de rando

Depuis le hameau de la Monta, nous nous dirigeons en direction de la Réserve Naturelle Nationale Ristolas-Mont-Viso, en compagnie de Nicolas Tenoux, garde technicien de la Réserve et Aubin Creuzot, animateur. Lors d’une pause au Belvédère du Viso, nous en apprenons plus sur cette réserve de 2 295 hectares, créée pour protéger sa flore et sa faune spécifique, en particulier la salamandre de Lanza, une espèce endémique du secteur.

Nous poursuivons ensuite jusqu’au Refuge du Viso, notre hébergement pour la nuit (non gardé à cette époque), avec toujours en ligne de mire le majestueux sommet du Viso et ses 3841m d’altitude.

Louis Didelle, chargé de mission Jeunesse et Tourisme, présente le rôle de la CIPRA  (Commission internationale pour la protection des Alpes), une association d’envergure internationale qui fait le lien entre les acteurs de l’arc alpin pour travailler à un développement plus durable des territoires. Cette position lui permet d’avoir une vue d’ensemble des enjeux et initiatives existantes dans les Alpes.

Jour 7 : Refuge du Viso – L’Echalp, 12.5 km, 6h de rando

Pour ce dernier jour de l’Ecotraversée, nous rejoignons le Lac Lestio situé au fond d’un cirque. Ce lac fait partie du réseau des Lacs Sentinelles étudiés de près par des scientifiques pour mieux en comprendre le fonctionnement et son évolution notamment en lien avec le réchauffement climatique. Il nous est également présenté le suivi de la faune réalisé par les gardes, en particulier sur la salamandre de Lanza.

Après une redescente du vallon dans la bonne humeur où les batailles de boules de neige vont bon train, nous rejoignons le parking de l’Echalp où nous attend la navette retour pour revenir à la gare de Guillestre, dont nous étions partis il y a 7 jours déjà, de quoi se souvenir des paysages croisés et des nombreux échanges et découvertes qui ont jalonné notre parcours.

Cette semaine d’itinérance a permis aux participants de :

– mieux découvrir le territoire du Parc naturel du Queyras

– d’en comprendre les enjeux grâce aux nombreux témoignages des intervenants rencontrés au fil du parcours

– de réfléchir à l’avenir des territoires de montagne et à leur place dans ces territoires dans le contexte de la nécessaire transition écologique

– de vivre une semaine en réduisant leur impact sur l’environnement (mobilité douce, repas à base principalement de produits locaux ou bio, pique-niques proche du 0 déchets,…)

– prouver le potentiel touristique du Queyras hors saison en particulier sur la saison d’automne (s’il le fallait encore !)